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De nombreux magazines populaires publiaient volontiers les sujets pin up
et glamour que leurs illustrateurs leur soumettaient pour leurs couvertures.
C'était le cas de The Saturday Evening Post, Collier's, Liberty, Ladies' Home Journal,
Cosmopolitan, Woman's Home Companion, Life, Judge, McCall's, Redbook,
American Weekly, Vogue, Esquire et True.

    Cosmopolitan, octobre 1945         

 Collier's, juillet 1945

Vogue, mai 1941

Même Time, qui se définissait comme "l'hebdomadaire d'information de l'Amérique" 
ne résista pas à la tentation.
La couverture de son numéro daté du 10 novembre 1941
présentait Rita Hayworth en pin up, peinte par George Petty, père de la pin up Américaine
du vingtième siècle et de l'art glamour.

Sur des centaines d'artistes et d'illustrateurs qui travaillèrent 
pour la presse entre 1920 et 1970, une cinquantaine
peignaient exclusivement des pin up et des beautés glamour.
En règle générale, ces artistes choisirent de peindre des pin up afin
de saisir l'essence de la féminité de la femme américaine
et de la célébrer 

Devant le succès croissant des pin up et des beautés glamour, 
la presse grand public perdit son monopole :
la publicité, les calendriers, les revues spécialisées de
"pulp fiction" et de pin up, les cartes de d'art et les gadgets publicitaires
s'en emparèrent. Les grandes agences de publicité 
avaient fréquemment recours à l'art glamour pour vendre
et promouvoir des produits et des idées.

Des entreprises telles que Kodak, Coca-Cola et General Motors
exploitèrent souvent ces images lors de campagnes
de publicité nationales s'étalant parfois sur plusieurs dizaines
d'années et influençant ainsi des générations d'Américains.

Mais de tous les supports de pin up et d'art glamour, les calendriers furent
incontestablement les plus importants et les plus répandus.
 Les plus grands de ces calendriers, appelés "cintres", étaient souvent placés
dans les ateliers d'usines et les bureaux où des centaines d'employés pouvaient
voir l'image et la date bien en vue dans leur espace de travail.

Autre format très populaire, le calendrier-agenda à spirales,
avec ses douze feuillets présentant chaque mois une nouvelle pin up.
Avec le temps, ces calendriers envahirent les foyers et les lieux de travail
des Américains, jusqu'à devenir partie intégrante de leur vie quotidienne. 

Les posters centraux des magazines jouèrent un rôle déterminant dans la
popularisation de l'art glamour dans le monde entier.

Ils firent leur apparition dès 1880.

Placées au centre du magazine, ces reproductions sur double page étaient
fixées par des agrafes ou reliées dans le magazine par une bordure
courant tout le long du côté gauche de l'image. Le lecteur pouvait ainsi les
détacher pour les punaiser au mur, les encadrer, les coller dans un album,
voire les découper comme des poupées en papier.

Enfin, les gadgets publicitaires furent le dernier outil qui contribua
à la gloire des pin up. Jeux de cartes, buvards, bloc-notes, miroirs de poche,
verres, cendriers, porte-clefs, stylos, cartes postales, briquets, cravates et,
surtout, pochettes d'allumettes : tout les supports étaient bons.

Les dizaines de millions de produits de ce type qui ont circulé dans le monde entier
pendant plus de soixante-quinze ans ont donnés aux pin up
une portée et un attrait vraiment universels.

En 1942 parut la célèbre photo de Betty Grable, The million-dollar legs,
qui devait servir d'outil de promotion pour le film Pin up Girl.
Les hommes envoyés au front et ceux restés au pays adressèrent
plus de vingt mille lettres par semaine aux studios,
réclamant à cor et à cri des photos à punaiser aux murs.

Quant le film sorti deux ans plus tard, il fit salle comble dans tout le pays.
Les Américains accueillaient les pin up en chair et en os avec autant
d'enthousiasme que celles de papier créées par les artistes !

D'autres incarnations de la pin up contribuèrent à remonter le moral
des troupes sur le front : Lana Turner la "fille au pull-over" depuis 1938,
et, Ann Sheridan, baptisée la "Oomph Girl" (la fille bath**),
pour ne parler que des plus célèbres.

Juste à la seconde place derrière Betty Grable, susnommée,
venait Rita Hayworth fantasme des GI qui sera honorée par l'armée
qui baptisera l'une des premières bombes atomiques larguées sur l'atoll de Bikini
du nom de son film mythique Gilda.

De quoi mettre cette pacifiste en rage.

Pendant la guerre, les nez de milliers de bombardiers américains
et alliés arborèrent une pin up. Sur chaque base aérienne, les meilleurs artistes
se virent confier la mission périlleuse de peindre une fille sexy sur les fuselages.
Les pilotes et leur équipage pensaient que la belle leur porterait chance.
Cet art spécifique portait le nom "Nose art" littéralement « art sur le nez (des avions) ».
Pour les mêmes raisons, les pilotes portaient une pin up peinte sur leur blouson de cuir.

Ici, le véritable équipage du bombardier "Memphis Bell" (B-17 Flying Fortress)
dont de nombreux films et reportages relatent les exploits,
avec sur le fuselage l'indispensable pin up.

Au fil des années de guerre, les éditeurs de calendriers augmentèrent leur production
de pin up, qui devenaient de plus en plus patriotiques. Pendant que les Andrews Sisters
chantaient à la radio et que les pin up stars passaient les plats à la Hollywood Canteen,
des artistes tels que Elvgren, Moran, Armstrong et Mozert contribuèrent
de leur mieux à l'effort de guerre.

A leur manière, les pin up contribuèrent elles aussi à la victoire.

** Expression du XIXè siècle qui signifie "joli", "agréable".